Faut-il autoriser, voire encourager, la présence de membres de la famille lors d’une réanimation cardio-pulmonaire (RCP) ? Une récente étude évalue l’impact de cette présence. Elle vient ainsi conforter les préconisations de fédérations européennes d’infirmiers en soins intensifs.
Au centre de ce débat, plusieurs questions dominent : la présence de la famille risque-t-elle de perturber l’activité des réanimateurs ? Les proches seront-ils plus ou moins atteints de stress post-traumatique ? Pourront-ils plus facilement « faire le deuil » ?
Un point important dans la mesure où « seuls 3 % des patients pris en charge pour arrêt cardio-vasculaire vont pouvoir sortir secondairement de l'hôpital », a rappelé le Pr Frédéric Adnet, lors du congrès Urgences 2012.
L’étude Présence dont les résultats viennent d’être publiés dans le New England Journal of Medicine permet désormais de disposer de données scientifiques grâce à une vaste étude muticentrique. Quinze unités de réanimation pré-hospitalière du SAMU y ont participé et ont été randomisées en deux groupes concernant au total 571 RCP.
Dans le groupe « intervention », un membre de l’équipe a systématiquement demandé au parent le plus proche présent sur les lieux s’il souhaitait assister à la RCP (79 % des familles ont fait de choix). Dans le groupe « contrôle », cette option n’a pas été proposée et 43 % des proches sont restés présents.
La surveillance des proches s’est effectuée ultérieurement par téléphone, en prenant en compte notamment des scores d’anxiété et de dépression.
Les résultats montrent que la proportion de stress post-traumatique est majorée de 70 % dans le groupe contrôle par rapport au groupe intervention. Chez les personnes du groupe « intervention » qui ont refusé d'assister à la réanimation, cette proportion a été aussi augmentée de 60 %.
Par ailleurs, la présence de la famille n’influe pas sur l'équipe de réanimation La durée de la réanimation et le taux de survie à 28 jours ne diffèrent pas selon les groupes. Le niveau de stress des soignants reste également similaire. L’étude ne révèle en outre aucune différence quant au nombre éventuel de plaintes déposées par les familles.
L’importance du suivi psychologique
Certes, les conclusions de cette étude sont difficilement transposables dans d’autres pays où lorsque la RCP a lieu à l’hôpital et non au domicile.
Une étude réalisée au sein de l’hôpital des Enfants Reine Fabiola à Bruxelles avait, un an auparavant, abouti à des conclusions similaires. « En s’adaptant à chaque situation et à chaque famille, en restituant leur rôle aux proches qui le souhaitent (en leur permettant de rester et en leur faisant une place au sein de l’équipe) sans culpabiliser ceux qui préfèrent rester à l’écart, les soignants instaurent une relation de confiance et un dialogue avec les familles », indiquaient les auteurs de cette étude soulignant la nécessité « de mettre en place un soutien psychologique ».
Ces conclusions viennent conforter les recommandations édictées en 2007 par plusieurs fédérations européennes dont celle des infirmiers en soins intensifs (EFCCNA). « Les membres de la famille du patient doivent avoir la possibilité d’être présents », avaient-ils alors déclarés. La loi HPST, de son côté insiste sur le rôle des proches et celui de la personne de confiance. Les mentalités évoluent !
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